La sculpture de Raphaël Emine est traversée par des ondes contrastées : que des motifs végétaux viennent s’enrouler autour de hauts cylindres et l’on se prend à hésiter entre végétation mutante et structures totémiques ; qu’un rocher se laisse envahir par de curieuses protubérances et l’on constate qu’il semble se dégonfler comme sous l’effet de forces insoupçonnables ; que l’on s’arrête sur des modules que l’on croyait architecturés pour qu’on leur trouve finalement des accents animaliers. Il n’y a pas ici un mais des mondes.
Sa « rocaille » a ainsi d’excitant que partout elle devient décadente : dans les contours, les détails, les motifs, les principes constitutifs même. Entre apparences improbables et émaux irréels, elle assume un caractère débridé du décoratif mis au service de la culture d’une ambiguïté constante, tout en laissant volontairement échapper le sens et la finalité des objets. Les apparences y sont trompeuses, le vrai se mêle au faux, le réel entretient l’illusion.