Le trio est une institution. Il a depuis longtemps fait ses preuves, symboliques et pratiques.
Stable parce qu’il permet distance et médiation ; instable parce que, avec cette irréductible altérité qui niche en son sein, il est un facteur de désordre, enrayant les tentatives de symétrie, cherchant sans cesse son centre de gravité.
En musique, il est une forme depuis longtemps canonique, et dans leurs dessins à six mains, chacun à son instrument. Il y a du trio à corde dans leur association : de la minutie, le goût de la structure, le souci un peu maniaque du détail.
Mais il y a aussi du trio de jazz dans ces aller-retours, installés autour d’une grande table où ils discutent sans cesse les moyens et les rôles. Cette interaction studieuse et paillarde où les dessins germent, peu à peu, avec leur air bizarre et précieux, dans un pas de trois assis plus ou moins improvisé, vaguement balisé, sans que l’on sache très bien s’ils courent à la merveille ou à la catastrophe.