Ymane Fakhir manifeste un intérêt récurrent pour l’identité culturelle, la mémoire familiale et les intrications sociales, comme la place de la femme ou la double culture. Dans son travail, elle pratique des enquêtes au long cours qui l’engagent dans des relations sociales avec les personnes qu’elle approche. En abordant la fameuse cité La Castellane sans a priori, elle s’affranchit du prisme médiatique qui la présente comme un ghetto paupérisé, réduit au trafic. En refusant cette représentation morbide, l’artiste nous rappelle qu’habitant·e·s, dealers, familles, acteur·rice·s sociaux, enseignant·e·s, policier·ère·s nourrissent un kaléidoscope de réalités. Or, sans conscience que chacune d’elle est par nature subjective, le risque est grand de se retrancher derrière d’invisibles murs où toute parole est inaudible. Un cercle vicieux qui aboutit à l’isolement, et à l’impossibilité de voir. L’exposition évoque la manière dont on avance avec incertitude, par tâtonnement,mais aussi courage.